Au cœur d’Arequipa, ville aux allures de
village, se cache un microcosme exceptionnel aux couleurs éclatantes dont le
reflet scintille sur les neiges éternelles du Volcan Misti qui le surplombe.
La deuxième plus grande ville du
Pérou et en outre patrimoine mondial de l’humanité recèle un nombre infini de
bijoux architecturaux, la plupart taillés dans le sillar, une pierre volcanique
qui lui a valu le nom de « Arequipa la blanche ». Le plus emblématique
de tous : un couvent historique ou mosaïque de couleur au dégradé de bleu
indigo, rouge vermeille et ocre jaune qui peut également se vanter d’être le
plus grand du continent avec ses 20 400 mètres carrés de superficie.
Fondé en 1576, le couvent Santa Catalina est un véritable centre urbain au
sein de la ville qui n’a jamais cessé de s’agrandir. Des jolies cellules aux chapelles,
des patios fleuris aux splendides fontaines, des ruelles aux noms andalous à la
galerie d’art qui recèle des œuvres de l’école de Cusco, ce monument est un ravissement pour les yeux,
et ce n’est sans compter sur son histoire hors du commun que l’on a plaisir à découvrir
au long de la visite.
A sa fondation, il accueillait quelques 450 sœurs carmélites qui malgré
leur statut de religieuses n’avaient rien des nones ordinaires. Cadettes des
meilleures familles de l’aristocratie péruvienne (leurs aînées étant vouées au
mariage), elles étaient placées dès leur plus jeune âge dans cette réalité
alternative sans pour autant perdre les avantages octroyés aux personnes de
leur rang : les cellules étaient converties en maisonnettes avec servantes
et esclaves ; la décoration, ostentatoire ; services en porcelaine ;
argenterie ; nombreux tea-time ; ateliers de couture…. Rien n’était
trop beau pour permettre à ces jeunes filles de conserver leur train de vie. Ceci très certainement car la toute
première supérieure des lieux, la riche veuve doña Maria Alvarez de Carmona y
Guzman avait exigé aux novices une dot importante, offrant ainsi au couvent un
statut à part, symbole de la majestuosité de l’ère coloniale.
D’ailleurs,
Flora Tristan (militante franco péruvienne du XIXe siècle) y trouva refuge en 1833
durant plusieurs jours et s’étonna de l’ambiance
inédite de ce couvent aux allures de paradis et de ses religieuses atypiques. Ces
dernières, fascinées par le style élégant au cachet très parisien de leur
nouvelle convive, organisèrent concerts et autres banquets fastueux en son
honneur. Par la suite Flora ironisa sur le sujet et rendra public son
expérience, expliquant que les soeurs de Santa Catalina n’étaient pas
« astreintes à cette foule
de pratiques religieuses qui emploient tout le temps de ces dernières ».
Cette visite fût l’un des éléments déclencheurs de la nouvelle ère du
couvent. Des membres du Vatican se rendirent sur place pour remettre de l’ordre,
exigeant aux résidentes de suivre une voix pieuse. Elles firent donc vœu de
pauvreté, furent contrainte à rejoindre le dortoir (libérant ainsi servantes et
esclaves) et à suivre une vie de prière et silence…. Chemin sur lequel elles se
lancèrent certainement non sans peine.
Aujourd'hui,
seule une quarantaine de religieuses occupent le couvent, leurs quartiers étant
réduits à un quart de sa superficie totale. Ouvert au public depuis 1970, les
carmélites ne sont autorisées à sortir qu’en dehors des heures de visites,
c’est-à-dire entre 7h et
9h du matin.
Patrimoine
à l’esthétique sans faille, écrin de silence, leg historique… On peut sans aucun doute classer le couvent
Santa Catalina parmi les incontournables du Pérou culturel, à visiter en
priorité lors d’un détour par Arequipa.
A noter que le monument est parfois ouvert de nuit, offrant à la visite un panorama singulier et particulièrement intéressant avec un jeu de lumière plus théâtral et octroyant par-là même au couvent une allure mystique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire